C'est l'histoire de la pierre, magistralement racontée par le méticuleux réalisateur russe Victor Kossakovsky.
D'abord, l'histoire de sa beauté. Contemplative. Chaque plan est sublimé, parfaitement cadré, avec juste ce qu'il faut pour nous rappeler la présence du vivant, une petite fourmi qui passe par-là, un chien qui déambule le long d'escaliers en noir et blanc. Une contemplation qui laisse place à l'identification. Les pierres nous ressemblent, elles dansent et s'expriment littéralement à travers des explosions ou des constructions qui prennent vie au son efficace de la musique poétique du compositeur Evgueni Galperine.
Mais c'est aussi l'histoire de notre civilisation, à travers la construction. Une construction qui pose question, celle du réalisateur : comment habiter le monde de demain ? Car l'architecture n'est pas que la conception d'un bâtiment qui nous protège, c'est aussi une histoire de politique, du sens que l'on veut donner à notre civilisation et à son avenir.
A travers la pierre, le documentaire met le doigt sur le paradoxe du béton, massivement produit et utilisé aujourd'hui comme matériau phare de bon nombre de bâtiments, et de son ancêtre, la pierre, qui elle, demeure toujours intacte au travers de vestiges vieux parfois de plusieurs millénaires. Le béton quant à lui, se fissure et s'effrite, coûte cher et n'est pas si pérenne que cela. Il paraît même qu'il ne dure réellement qu'une quarantaine d'années !
Ce voyage architectural pose donc la question du recyclage, de la destruction / construction de nos modes de vie et de consommation, et nous ramène à l'essence même de nos propres valeurs et du rêve de vouloir plutôt construire avec le coeur dans un esprit de pérennité quasi spirituelle, plutôt que de construire vite mais mal.
"J'en appelle aux scientifiques et aux ingénieurs : Nous devons mobiliser 8 milliards de cerveaux pour trouver un substitut au béton. Nous devons trouver quelque chose qui nous permette de construire des choses qui durent, et ce dans le respect de la nature.", lance même le réalisateur de ce chef-d'œuvre visuel, qui part du béton mais nous transporte dans une perfection du sens de la vie et de la nature en quête d'une architecture durable.
A découvrir en salle dès le 27 novembre 2024 !
E.1027, c'est l'histoire d'une maison construite à l'abri des regards en 1929 par l'une des premières femmes architectes et designers les plus influentes au monde, Eileen Gray. E pour Eileen, 10 pour le J de Jean (la 10ᵉ lettre de l'alphabet), 2 pour Badovici et 7 pour Gray.
Fruit d'une étroite collaboration avec Jean Badovici, son compagnon de l'époque, architecte émérite et fondateur de la revue d'avant-garde "L'architecture vivante" (publiée entre 1923 et 1933), cette maison, accessible seulement par le sentier du littoral à Roquebrune-Cap-Martin, est un chef-d'œuvre discret de l'ère moderniste des années 30, où règne une âme d'une sensibilité millimétrée.
Car c'est cela, la force de la créatrice irlandaise. L'émotion. Pour elle, l'aménagement intérieur ou l'architecture ne se définissent pas comme une simple formule, mais doivent refléter l'âme de celui ou de ceux qui y vivent. Ainsi, tous les meubles de la maison E.1027 ont été réalisés dans cet esprit sur mesure, et sont aujourd'hui parmi les plus exclusifs et les plus chers au monde. Et pourtant, ces designs sont populaires. Copiés, réédités, ces structures tubulaires en acier chromé et ces fauteuils en rouleaux superposés inspirés du confortable bonhomme Michelin, sont aujourd'hui ancrés dans l'inconscient collectif et parmi les pièces design les plus iconiques du 20e siècle.
Sensible, libre et non-conformiste, Eileen Gray ne se définissait ni comme designer, ni comme décoratrice. "Paravents laqués, meubles laqués, meubles en bois, matériaux teintés, lampes, divans, miroirs, tapis, décoration d'appartements et installation", voilà ce que mentionnait sa carte de visite. Discrète à l'image de E.1027, elle fuyait les mondanités et l'esbroufe du système. A l'inverse de Badovici, qui invita Le Corbusier à découvrir la maison. Plus tard, "Corbu" en recouvrit les murs de fresques murales et en publia des photographies. Gray qualifia ces fresques de vandalisme et demanda leur suppression. Ignorant ses souhaits, Le Corbusier construisit son célèbre Cabanon juste derrière E.1027. Si bien que ce documentaire hybride retrace leur histoire sous le prisme d'une interprétation sur le pouvoir de l'expression féminine et le désir des hommes de la contrôler.
Une intrigue à laquelle la réalisatrice Béatrice Minger (et Christophe Schaub, co-réalisateur) ajoute : "Au cœur de ce film se retrouve un conflit non résolu. On peut dire que Le Corbusier n'a rien fait de mal. Eileen Gray n'était plus là quand il est arrivé. Jean Badovici lui a donné l'autorisation de réaliser les fresques murales et l'a même encouragé. Mais est-il acceptable de violer et de s'approprier la vision artistique d'un autre artiste ? Bien sûr que non, dirais-je. J'ai ressenti un malaise autour de ce conflit, une indignation, que je n'arrivais pas à rationaliser. J'y ai vu un point de départ pour un film."
A découvrir en salle dès le 13 novembre 2024 !
Du 18 au 20 octobre a lieu Art Basel à Paris, l'une des plus grandes foires d'art contemporain au monde.
Au total, près de 195 galeries issues de 42 pays exposeront de l'art un peu partout dans Paris, notamment au désormais renommé GrandPalaisRmn (Grand Palais - Réunion des Musées Nationaux) tout juste rénové après trois années d'une restauration nécessaire, mais aussi au coeur d'une dizaine d'institutions culturelles et historiques de Paris avec pour la première fois, un programme public entièrement gratuit et ouvert à tous.
Ce programme public, dont le partenaire officiel n'est autre que l'iconique marque de mode italienne Miu Miu, se déploie dans toute la capitale autour d'expositions, installations ou sculptures monumentales d'artistes de renom, comme l'immersif docteur en sciences agronomiques allemand Carsten Höller et son champignon "Giant triple mushroom" de trois mètres de haut place Vendôme (du 15 octobre au 24 novembre), ou les sculptures organiques moulées en urine et goudron de pin "A real boy" du Français Jean-Charles de Quillacq, dans la chapelle du 17e siècle des Petits-Augustins des Beaux-arts de Paris (du 14 au 20 octobre).
Pour l'occasion, Miu Miu (ré)investit son habituel palais d'Iéna (siège du Conseil économique, social et environnemental français, où elle présente chaque année ses collections) avec "Tales & Tellers" ("Contes et Conteurs"), une exploration sociétale à travers des projections de films, installations et conversations avec des femmes artistes et réalisatrices, comme Agnès Varda, Zoe Cassavetes ou Chloë Sevigny qui toutes, ont collaboré et inspiré la marque au fil du temps dans la série de courts-métrages, Women's Tales.
Quant au Grand Palais, l'entrée est payante (44 euros en tarif plein), et la foire propose une sélection de galeries augmentée de 27% par rapport à l'année dernière au Grand Palais Ephémère, avec trois parcours d'exploration : Galeries (les artistes établis), Emergence (la pointe des artistes émergents) et Premise (des oeuvres exclusives et singulières, pouvant inclure des créations antérieures à 1900).
Alors comme le décrit avec poésie l'artiste suisse Gina Folly (secteur Emergence, représentée par Fanta-MLN) et ses trois boîtes en carton vernis ornés de quatre zinnias orange stabilisés, "Dreams are the raw material of reality", "Les rêves sont la matière première de la réalité" !
Plus d'infos et réservations pour les événements, conversations et visites sur le Art Basel Paris.
"Jeans" de Jean-Charles de Quillacq © Aurélien Molle
"Giant triple mushroom" de Carsten Höller Place Vendôme © Pierre Björk / Gagosian
" L'iconique marque de mode italienne Miu Miu, partenaire officiel du nouveau programme public, investit le palais d'Iéna avec "Tales & Tellers" ("Contes et Conteurs"), une exploration sociétale à travers des projections et conversations de femmes artistes et réalisatrices comme Agnès Varda, Zoe Cassavetes ou Chloë Sevigny."
Paris sera toujours Paris. Mais Paris ne se limite pas au 75. Désormais, il faut compter avec le Grand Paris et ses 12 millions d'habitants, enjamber le périph' du haut de ses 12000 km2 de terrain de jeu, et partir à la découverte de sa carte aux multiples trésors de banlieues* de proximité.
1200 lieux de spectacles, plus de 300 musées et centres d’arts, 200 festivals, cinq sites classés au patrimoine mondial, quatre parcs naturels régionaux époustouflants, ainsi que des terrains de sport aussi prestigieux que méconnus.
Alors, ceci ne mérite-t-il pas un guide ? C'est ce qu'ont lancé dès 2018 le lieu culturel les Magasins Généraux et les journalistes d'Enlarge your Paris.
Pour sa troisième édition, le guide propose cette année une sélection de plus de 300 adresses (musées, restaurants, galeries, friches, parcs, fermes urbaines, potagers, grottes, skatepark,...) dont une cinquantaine dédiées au sport, pour célébrer comme il se doit les Jeux olympiques de Paris 2024. Une manière d'ouvrir aussi une fenêtre insolite sur le sport et son histoire avec, par exemple, une initiation au jeu de paume, ancêtre du tennis disparu de l'Hexagone et premier sport de raquette au monde, au château de Fontainebleau !
Innovant, plus créatif, plus vert, plus dynamique, telle est la volonté de raconter le Grand Paris, au travers d'images, capturées avec humour par le photographe Vincent Migrenne, d'une cartographie découpée en dix grands quartiers inédits, de l'Océan vert à la Forêt enchantée, et d'une carte du futur réseau des transports en commun, le Grand Paris express, qui ne laissera plus d'excuse pour franchir le pas, quand on découvre qu'avec la ligne 15, Bagneux et Villejuif, pourtant proches géographiquement mais séparés par l'autoroute, ne seront plus qu'à 3 minutes versus 25 minutes actuellement !
* "Banlieue", mot du 13ème siècle qui désigne les lieux "mis au ban", à l'extérieur des murs de la cité.
Le guide des Grands Parisiens, disponible en librairie, 20 euros.
© Vincent Migrenne
Pensé comme une sculpture-mobilier, décliné en bois et tissu, Taglio de l'architecte et designer Rodolphe Parente fait partie des 54 pièces entrées dans les prestigieuses collections du Mobilier national en 2024.
Haut lieu de conservation et de transmission des savoir-faire exceptionnels du patrimoine français, le Mobilier national réalise depuis 2020 des campagnes d’acquisition destinées à enrichir ses collections et à soutenir la création contemporaine et les métiers d’art.
Reflet de l’évolution de l’ameublement officiel en France depuis le 17ème siècle, l’institution comptent près de 130.000 biens (tapisseries, meubles, céramiques, lustres, dentelles, broderies,…) appelés à ornementer les hauts lieux de la République, tels que le Palais de l'Elysée.
Les ateliers et manufactures du Mobilier national sont ouverts au public lors de visites guidées, des Gobelins à Paris à la Savonnerie de Lodève.
Plus d'infos sur Mobilier national.
La campagne d'acquisition 2025 a lieu jusqu'au 15 mai 2024.
© Studio Erick Saillet
« L'oeil surpris divague, attisé, flatté avant que la projection ne soit lancée et le spectateur se laisse emporter. Une salle de cinéma est un lieu qui accueille le monde et lui offre la possibilité, le temps d'un film, de s'émerveiller, découvrir, aimer, pleurer, rire, penser... Elle doit être un lieu protecteur, où l'esprit peut enfin s'autoriser à la rêverie. »
Ce sont les mots du concepteur Frédéric Imbert sur sa dernière réalisation au Reflet Médicis, l'un des cinq cinémas indépendants Art et Essai de l'institution parisienne Dulac.
Un ton sur ton noir et anthracite remplace le rouge traditionnel* des cloisons veloutées, la matière brute des murs contraste et éclaire l'espace géométrique, et d'oniriques objets lumineux attelés à du bois sculpté invitent à l'évasion. Méduse, nuage ou encore fleur d'ange, chacun choisit et laisse voguer son imaginaire à travers ces oeuvres en papier, issu des chutes de production des ateliers Procédés Chénel International. Car oui, l'ensemble du projet a privilégié des matériaux sobres et responsables, de fabrication française ou européenne.
Le studio Frédéric Imbert souhaite aussi mettre en avant les arts décoratifs, dans la grande tradition du cinéma, du théâtre et de l'opéra et rendre un vibrant hommage à cet indéfectible lien qui unit Paris et le cinéma, puisque c'est en 1895 qu'eut lieu la première projection cinématographique publique d'Antoine Lumière.
L'aventure continue d'ailleurs puisque le designer et son équipe travaillent déjà sur l'aménagement futur des zones d'accueil du cinéma d'auteur, prévu pour l'été 2024.
Plus d'infos sur f-imbertstudio.com
* Le rouge s'installe progressivement à partir du 19ème siècle dans la plupart des cinémas, théâtres ou salles de spectacles, car il met en valeur, par contraste, la scène et ses protagonistes (la salle où siègent les spectateurs n'éteindra ses lumières, elle, qu'à la fin du 19ème siècle), le rouge flattant notamment le teint... mais aussi par souci d'hygiène, car les femmes tâchaient parfois de sang les fauteuils pendant leur cycle menstruel !
© Maxime Meignen
Une plongée réjouissante au coeur des solutions pour designer le beau de demain où les matériaux sont tous issus du vivant et sans aucun polluant éternel !
Si vous êtes parisiens du 12 au 22 octobre, rendez-vous au 5ème étage du bâtiment de La poste du métro Bonne-Nouvelle (un nom qui s'allie d'ailleurs parfaitement aux valeurs de l'événement) pour un voyage au cœur de l'amour du vivant.
Les 900 m2 du lieu, qui a abrité pour l'anecdote les premières téléphonistes au sous-sol, ces "demoiselles du téléphone" qui établissaient les communications entre usagers - un signe ? - mettent en scène une exposition gratuite d'une trentaine de designers, issus de ce que l'on pourrait appeler "l'avant-garde de l'innovation naturelle".
Rien n'est à vendre, juste à regarder, écouter et ressentir, fruit d'une envie collective de sensibiliser et montrer que d'autres solutions incroyables existent, à travers la simplicité du vivant et l'amour du travail bien fait. Le tout garanti zéro polluant éternel dans les recettes, matériaux et pièces exposées.
Ainsi, pierre de lave, sédiments marins, écorces d'arbres, terre de parking, chapelure de pain rassis, paille de seigle ou encore cheveux humains se transforment en vaisselle, tissus d'ameublement ou pièces de mobilier pour nous offrir du beau inventif et durable.
Alors il faut regarder avec attention, saisir les concepts, s'intéresser et l'on apprend par exemple par une bénévole au détour de l'installation musicale d'Anne-Emmanuelle Crétier que plus les fleurs sont ancestrales, plus leur musique est complexe ! Ou que la designer-chercheuse Lucie Ponard qui crée des émaux et faïences à partir des déchets de démolition des chantiers franciliens (ardoise, granite, brique, tuile, etc...), compte utiliser la terre du Grand Paris (projet de création de quatre lignes de métro autour de Paris et d'extension de deux lignes existantes) qui va en excaver plus de 400 millions de tonnes d'ici 2030 ! Sans parler des larves "embauchées" par Atelier Sumbiosis pour ennoblir des étoffes, de Théo Charasse qui fabrique du mobilier avec de simples branches glanées en forêt, à l’encontre des standards industriels, ou encore d'Aurore Piette, la "craftwoman of the sea" qui façonne des éco-céramiques à partir de sédiments naturels maritimes de la côte Atlantique française.
Une sélection soignée et une programmation passionnante autour de causeries et ateliers vivants, jonchés de défis et questionnements essentiels, fondée par l'association Design soutenable, qui "souhaite promouvoir et rendre accessible le travail de celles et ceux qui, dans le domaine du design, de l’architecture et de l’art, façonnent un monde plus frugal sans impasse sur le beau".
Du 12 au 22 octobre 2023, de 11h à 19h au 18 boulevard de Bonne-Nouvelle, Paris 10ème.
© Biennale Amour vivant
Les rives du Lac de Côme jongle cette année avec les styles, les époques et les savoir-faire pour magnifier la nature, l'invitée spéciale de ce très convoité rendez-vous design.
Si je vous dis "Naturalis Historia" (Histoire Naturelle), je ne sais pas si vous pensez directement à l'encyclopédie monumentale de 37 livres en prose rédigée par l'écrivain et naturaliste Pline l'Ancien, né en Italie en 23 APJC. Une référence dans le milieu scientifique qui traite à peu près toutes les matières, de l'anthropologie à l'agriculture.
SAN PIETRO IN ATRIO
Stories of fabrics
Ce bâtiment qui date de 1200 est une ancienne église. Aujourd'hui désacralisée, elle abrite pour l'occasion des designers textiles nationaux et internationaux qui travaillent sur la fabrication naturelle et végétale, de l'agriculture au tissage de la laine, du coton et de la soie, en redécouvrant d'anciennes techniques de production.
# Ruga Perissinotto et leur lainage de moutons du Lamon (province italienne de Belluno) dont la particularité est d'absorber les bruits. Une belle façon de mixer technique ancestrale d'une production oubliée pour résoudre une problématique actuelle : le bruit. Ces lainages peuvent en effet être utilisés en rideaux 100 % laine et sans teinture.
# Milla Novo, designer textile qui fabrique de grandes tentures murales tissées à la main en utilisant des symboles aux origines d'Amérique du Sud d'où elle tire ses racines, chez les habitants indigènes du centre-sud du Chili, les Mapuches. Comme cette immense tenture ronde aux yeux rieurs, et pourtant : "Non, ce n'est pas un smiley, mais la Terre ornée de symboles", nous précise l'artiste :)
# Migliore Servetto et ses tentures orange et carbone en fibres tissées avec la technologie I-Mesh dont la notion de traversabilité est palpable.
C'est ainsi que le Lake Como Design Festival a intitulé sa 5ème édition, qui met à l'honneur cette année la nature en proposant une sélection d'art, artisanat, design et savoir-faire ancestraux, à la fois rétrospective et actuelle, inspirée par la botanique, la minéralogie et la zoologie, chères à Pline l'Ancien. L'occasion aussi de fêter le bimillénaire du ponte !
L'idée du festival est de valoriser le patrimoine artistique, culturel et architectural local en ouvrant les portes de lieux historiques, oubliés ou inédits à des installations, rencontres ou expositions d'artistes de tous horizons, dont voici notre petite sélection.
Plus d'infos sur lakecomodesignfestival.com
Du 16 au 24 septembre 2023.
VILLA SALAZAR
Contemporary design selection
De style néoclassique et ouverte pour la première fois au public, la Villa Salazar met en scène des créations actuelles soucieuses du changement climatique et de la rareté des ressources naturelles, sélectionnées par la curatrice Giovanna Massoni, en collaboration avec la plateforme d'enchères en ligne Catawiki :
# Coco Brun sensibilise notamment sur l'extraction minière au travers des oeuvres "Mineralis" en aluminium recyclé cristallisé.
# Pulpa Studio mise sur l'économie circulaire avec Redemptio, une table d'appoint 100% PPMA recyclé, un plastique non biodégradable issu des écrans qui nous protégeaient du Covid dans les espaces publics.
# Instead mobilier fabrique des tabourets de bar à base de résidus de céréales issus du brassage de la bière.
VILLA OLMO
Back to nature
Ce palais néoclassique du XVIII siècle arborant un jardin public est l'un des plus iconiques du lac et du festival. Designers, artistes, éditeurs et galeristes se succèdent au travers d'un parcours où la nature s'invite subtilement dans les matières, les couleurs ou les formes de pièces de mobilier ou d'art.
# Movimento célèbre la beauté inattendue dans la nature avec l'installation The blue flower, en référence à la fleur bleue, symbole bien connu de la littérature romantique, qui représente ici le rare, l'inattendu et l'unique dans un monde où la nature nous inonde habituellement de nuances de vert.
# Draga & Aurel + Giuliano dell'Uva et leur sculpture de lit Lewit inspirée des 70s, en résine et béton, dont la palette de couleurs rappelle l'univers aquatique et serein du lac.
# Melli Ink et ses délicates sculptures en verre Mumo Forest, inspirées par les ambivalents champignons aux fascinantes vertus à la fois cicatrisantes et empoisonnantes, et les racines de cerisier.
PALAZZO DEL BROLETTO
The Other Animals
Le Palazzo Del Broletto nous immerge dans le design, l'archéologie, l'artisanat et l'art contemporain autour de trois thèmes, Air Terre et Eau, effleurant les travaux zoologiques de Pline l'Ancien.
# En l'air, l'oeuvre Ossimoro Cima d'Ilaria Cuccagna allie la forme massive du cygne par la pierre et la légèreté de son envol par la plume. On adore ! Tout comme l'oiseau stylisé de la célèbre lampe Tahiti d'Ettore Sottsass pour Memphis, un classique.
# Sur terre, le chameau surréaliste en linge de maison d'Helga Stentzel questionne le rapport à la nature.
# Dans l'eau, on plonge dans l'étrangeté de la sculpture en céramique Primordial Whale (la baleine) de Marie-José d'Aprile, juchée sur un morceau de bois récolté au lac de Côme.
© Celia Pernot, photo de Giovanna Massoni
© Robert Mawdsley, la photo d'ensemble
© Robert Mawdsley, la photo d'ensemble
© Robert Mawdsley et Francesco Arena pour la villa Olmo
Chaque année, Milan ouvrent ses portes aux scénographies les plus immersives le temps d'une semaine, celle du design. Des usines aux églises, hangars ou piscines, nous avons repéré quelques lieux spectaculaires à l'histoire populaire, accessibles à tous en dehors de la semaine dédiée.
CASA MANZONI / La Manufacture
"C'est la rencontre de l'historicité et du design contemporain", précise La Manufacture. Dans ce palais italien datant du XVIIIe siècle, se sont côtoyées des pièces modernes du designer allemand Sebastian Herkner, mais aussi de Neri&Hu, Nendo, Luca Nichetto, Patrick Norguet, Front ou Noé Duchaufour-Lawrance, entre autres.
Avec Studio Blanco aux manettes créatives, c'est tout un panel d'artistes qui a oeuvré pour faire de ce lieu chargé d'histoire "un espace de fantaisie contemporaine entre fiction et réalité" : la harpiste Mary Lattimore aux créations originales, l'actrice et interprète Elena Rivoltini aux installations vocales et sonores inspirées de l'oeuvre de Manzoni, Greta Cevenini au set design floral, ou encore The Alchemist au service traiteur.
Histoire
La Casa Manzoni tire son nom de l'un des plus célèbres écrivains italiens de la période Romantique, Alessandro Manzoni, né en 1785 dans cette maison de style Renaissance. Il est l'auteur de l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature italienne, Les Fiancés. Le palais est aujourd'hui un musée exposant des objets de la famille Manzoni, mais aussi le CNSM, Centro Nazionale di Studi Manzoniani, où se trouve une bibliothèque qui recense plus de 38.000 livres sur l'histoire lombarde.
lamanufacture-paris.fr & casadelmanzoni.it
TENNIS CLUB MILANO ALBERTO BONACOSSA / Court Clay Club x Cristina Celestino
La designer et architecte d’intérieur italienne Cristina Celestino a réinterprété le Genius Loci (l'esprit du lieu) du Tennis Club, conçu en 1923 par Giovanni Muzio, et rebaptisé pour l'occasion, Court Clay Club. En conservant le langage architectural de Muzio et son attrait pour le lien géométrique entre la ligne et le demi-cercle ou l'asymétrie, Cristina Celestino joue avec les codes des espaces intérieurs et extérieurs (un grand salon, des terrains de tennis, et une salle à manger), des couleurs, matériaux, tissus et revêtements d'origine, comme le sol en marbre et la terre battue.
Histoire
Le Tennis Club Milano Bonacossa est une institution vénérée sur la scène sportive de la ville, ayant accueilli de nombreux événements sportifs internationaux prestigieux. Au fil des ans, ses courts ont vu défiler des générations de joueurs de tennis, dont beaucoup ont occupé les premières places du classement mondial. Depuis 1937, l'école de tennis joue un rôle moteur dans la promotion des jeunes talents. Depuis plus de huit décennies, le Tennis Club Milano Alberto Bonacossa fait partie intégrante du riche patrimoine culturel de Milan et constitue un véritable berceau du tennis en Italie.
Achevé en 1930, le nouveau siège du Tennis Club fût imaginé dans les premières esquisses planimétriques selon un mode urbain de composition des espaces. Dans un contexte suburbain émergent, le long du nord-ouest de Milan, Giovanni Muzio propose sa propre interprétation du thème de l'architecture dédiée au sport et aux loisirs, destinée à une clientèle d'élite mandatée par le comte Alberto Bonacossa. Dans le Tennis Club Milano, la référence à la tradition classique de l'architecture et l'utilisation de modules de figure et de composition du XXe siècle milanais sont évidentes.
En outre, Muzio montre son intérêt pour la recherche contemporaine liée à la peinture métaphysique, en positionnant son projet pour le Tennis Club à la croisée des chemins entre ses œuvres antérieures et les chefs-d'œuvre de sa maturité artistique.
CAPSULE PLAZA / Tacchini x Formafantasma
Ce n'est pas dans un lieu historique, mais mention spéciale pour le projet Tacchini Flock sur la durabilité au Capsule Plaza.
Issue de la collaboration entre la marque de mobilier Tacchini et les designers Formafantasma, l'installation met en scène un nouveau système de production durable axé sur la circularité des matières. L'idée est de s'inspirer d'une technique de production de matelas antiques, et d'utiliser de la laine de mouton locale (notamment les surplus) de Brianza (territoire lombard), en remplacement de la mousse synthétique. Le cheminement entre la source, les moutons, la recherche et le processus de fabrication des pièces est mis en scène au travers de quatre modèles iconiques de Tacchini revisités par le duo d'avant-garde Formafantasma, qui base ses recherches sur l'écologie, l'histoire, la politique et le social. Très pop culture !
formafantasma.com & tacchini.com
BAGNI MISTERIOSI / Gubi
Tout comme les Bagni Misteriosi offrent aux Milanais un endroit où s'évader pendant l'été, l'éditeur danois Gubi a investi ces bassins historiques où nous avons pu découvrir non seulement l'exposition Ten imaginée par dix créatifs internationaux, et célébrant les 10 ans de leur chaise iconique Beetle de GamFratesi, mais aussi les collections actuelles, dont la balnéaire chaise Tropique à franges de Mathieu Matégot.
Histoire
Conçues en 1937 par l'un des principaux designers de l'époque, l'ingénieur Lorenzo Secchi, ces bassins de 25 et 50 mètres font partie du patrimoine des piscines milanaises des années 1930, à l'instar de celles de Romano (Ponzio), Lido ou Cozzi, aux lignes simples et sans fioriture.
© DePasqualeMaffini
© Gubi & Andrea Cherchi
© Andrea Ferrari
© La Manufacture
Après 40 années de fermeture, le Hangar Y rouvre ses portes au public. A l’orée de la forêt domaniale de Meudon, en banlieue parisienne, le voilà qui se déploie désormais sur trois pôles majeurs : le hangar, le parc et les sous-bois. Pensé et réhabilité comme un immense lieu de vie à la croisée de l’art, des sciences et techniques, de l’histoire et de la nature, le Hangar Y s'est fixé comme objectif de revaloriser ce haut lieu du patrimoine français, tout en prenant soin de préserver son environnement (par exemple, le recyclage de l'air s'y fait à froid).
Premier musée de l'air et hangar à dirigeables au monde, le Hangar Y fût l’un des berceaux de l’aéronautique française de la fin du 19ème siècle jusqu'à la Grande Guerre. Il prit son envol en 1879, imaginé par l’architecte Henri De Dion, professeur de Gustave Eiffel, à qui l’on doit la fameuse tour, et tire son nom de la parcelle militaire "Y" où le bâtiment fût reconstruit.
Haut lieu d'innovation artistique, aéronautique et architecturale du siècle dernier, c'est ici que le peintre Chagall y a assemblé, en 1963, la célèbre fresque circulaire de 220 m2 de l’Opéra Garnier. Plus proche de nous, en 2003, le réalisateur Jean-Pierre Jeunet y a également implanté le décor de son hôpital militaire pour Un long dimanche de Fiançailles, avec Audrey Tautou et le regretté Gaspard Ulliel.
A seulement quelques minutes du centre de Paris, le lieu offre une programmation artistique autour du rêve, de la connaissance et de l'exploration, avec des ateliers, des rendez-vous expérientiels, des médiateurs humains et virtuels, et aussi, pour se restaurer, Le Café Y et Le Perchoir Y, restaurant bistronomique offrant une vue panoramique sur le bassin de Chalais et la nature environnante.
Ouvert au public tous les week-ends et jours de vacances scolaires.
L’ensemble des espaces est accessible aux personnes à mobilité réduite.
© Adeline Bommart, Luc Boegly, Maxime Delvaux.
C'est la nouvelle adresse du rhum Eminente, dont l'objectif est de faire découvrir la culture cubaine à travers l'art, la gastronomie et la décoration.
Conçu comme un véritable lieu de vie authentique, la casa reprend en effet tous les codes des paladares, ces restaurants et bars tenus par une famille dans sa propre maison. L'esprit cubain nous invite à flâner entre des œuvres d'art local, un restaurant verdoyant, un speakeasy surnommé "El Club", un bar à cocktails en culs de bouteilles Eminente, une petite épicerie de produits locaux et des chambres aménagées en cabinet de curiosité.
Entièrement rénovée et décorée à partir d’objets chinés par Selency Pro, la maison est fidèle à l’esprit "resolver" de l’île qui incarne la créativité ingénieuse et le talent de donner une seconde vie à ce qui existe déjà. Aux murs, la curatrice Laura Salas Redond a sélectionné onze artistes cubains dont les peintures, sculptures ou installations nous embarquent au cœur de leur histoire personnelle, comme ces 12 tissus à démaquiller imbibés de traces de make-up, laissant imaginer les pérégrinations de l'artiste au fil des jours...
A la fin de l'opération, tout le mobilier sera revendu sur Selency ou lors d'une vente aux enchères. Pour l'instant, la maison ouvrira en décembre prochain et ce, pour quelques mois, avec au menu, différents chefs et mixologues des plus réputés. Julien Sebag, à la sensibilité éco-responsable, officiera le premier en cuisine, en revisitant le concept des tapas cubains. Côté bar à cocktails, tout en bois, verre et marbre, designé par l’architecte Lucas Madani, les multi récompensés Monica Berg et Alex Kratena ouvriront le bal mixologique. A la carte, ils proposeront trois exclusivités inspirées des senteurs de La Havane, en plus des deux "permanents" typiquement cubains, dont l'Eminente Canchanchara, saupoudré de légers flocons de glace pilée par la machine japonaise sur le 7 ans d'âge et son marc de café au miel de châtaigne et citron vert.
Mention spéciale pour le restaurant qui revêt des couleurs terracotta et une installation de serviettes blanches suspendues au plafond, typique, et le petit coin épicerie qui propose des produits locaux introuvables en France, pâte à tartiner ou café du cru, et même tout un assortiment de céramiques réalisées spécialement par des artisans locaux. Et si l'envie vous dit d'aller juste siroter un café cubain, venez tester le fameux rituel de dégustation El Cafecito Eminente (Le petit café Eminente), fidèle à la tradition du Carajillocubain, qui consiste à ajouter quelques gouttes de rhum dans son café !
Plus d'infos sur casaeminente.com
6 impasse Guéménée 75004 Paris.
Tokyo Vice retrace l’histoire vraie de Jake Adelstein, un journaliste américain, l’un des premiers gaijin (étranger) à être embauché au cœur du service de police / justice du “Meisho Shimbun” (le “Yomiuri Shimbun” dans la vraie vie), le plus grand quotidien japonais.
Au fil de ses enquêtes, il infiltre progressivement la sulfureuse communauté des Yakuzas, la mafia japonaise, et nous immerge dans les rapports entre elle, la police et le journalisme des années 90.
Ce récit initiatique est directement inspiré du roman, quasi autobiographique, du vrai Jake Adelstein. Devenu mythique, ce roman a largement marqué l’imaginaire de beaucoup d’expatriés au Japon. Un peu comme “The beach” pour les backpackers !
Le premier épisode, réalisé par le maître du cinéma d’action, Michael Mann (Miami Vice, entre autres), donne le la sur la dimension esthétique très réaliste d’un Tokyo traditionnel. Dès les premières minutes, Jake foule la moquette de The Okura Tokyo, un hôtel de luxe iconique à Minato (quartier dynamique).
La série arpente aussi le Golden Gai, rue assez unique au Japon, jonchée de mini bars de 6 à 12 places, dont chacun a sa thématique ou son obsession. Rue où se trouve d’ailleurs “La jetée”, bar typique consacré à la célèbre œuvre de Chris Marker, et régulièrement fréquenté par les cinéphiles de renom, comme Al Pacino, Juliette Binoche ou Tarantino !
Et ce n’est pas la première fois que l’hôtel de luxe fait partie d’un casting déco. Habitué du grand écran, ce palace a déjà joué les seconds rôles, notamment dans “IQ84” d’Haruki Murakami, et “On ne vit que deux fois” de Lewis Gilbert, où James Bond y avait élu domicile. Sauf que dans Tokyo Vice, on a droit à la version “rénovée” de l’hôtel.
Conçu par le célèbre architecte Yoshiro Taniguchi en 1962, l’hôtel a été imaginé par son fondateur, Kishichiro Okura, comme un alliage entre le meilleur de la modernité occidentale et le raffinement des traditions japonaises, concept inédit sur le marché de l’architecture et du design à l’époque.
Cet hôtel de luxe est devenu mythique en accueillant bon nombre de chefs d’Etat, de Richard Nixon à Jacques Chirac ou Barack Obama, grands patrons ou encore artistes de renom, comme Madonna et John Lennon.
Sa démolition en 2015 a fait couler beaucoup d’encre car il s’agissait là d’un patrimoine moderniste unique. Reconstruit et achevé en 2019, toujours par Yoshiro Taniguchi, épaulé par son fils Yoshio, lui aussi architecte réputé, le palace a changé de peau, l’architecture extérieure ayant été totalement transformée en des tours aux normes anti-sismiques actuelles. La volonté de reconstruction à l’identique a quant à elle été préservée plutôt à l’intérieur, notamment dans le lobby, où se joue la quasi première scène de Tokyo Vice. Mais aussi au travers des couleurs d’époque, d’objets tels les abat-jour, du mobilier ou des revêtements… Seule la vieille aile sud, est encore dans son jus 60’s.
L’hôtel fête justement ses 60 ans cette année !
© The Okura Tokyo
LE PRÉCURSEUR
" Une chemise qui fume, des oreillers producteurs de sons, ou encore des flocons de neige qui allaient inversement vers le ciel..."
LA PYRITE
" Le maestro Renzo Piano embarque les skieurs dans un écrin de verre telle une pyrite géante et cristalline, ouverte à 360 degrés... "
L'ANTHROPOLOGUE
" Qui sont les héritiers architecturaux du Monte Verita ? "
" Les classes sociales supérieures d’aujourd’hui sont-elles les héritières de la Lebensrefom ? "